Hugues Reip

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Hugues Reip | Le Château

Directrice artistique : Judith Quentel


Exposition monographique du 18 octobre 2009 au 7 février 2010 au Domaine départemental de Chamarande

(...) Intitulée Le Château, l’exposition prend comme point de départ un tableau d’Hubert Robert représentant le château de Chamarande, reproduit et réinterprété par l’artiste pour l’occasion. Hugues Reip a conçu une douzaine de pièces spécifiquement dédiées à chacune des salles d’exposition ; à ses créations in situ viennent s’ajouter plusieurs œuvres réalisées ces trois dernières années.
L’artiste investit murs et volumes du domaine pour entraîner le visiteur vers d’autres réalités qu’illustrent ses voyages fantastiques. Sa quête insolite de mondes, réels et imaginaires, cherche également à nous confronter à notre propre onirisme mais aussi à notre propre rationalité : c’est la mise en scène du « rêve cartésien » qui se joue.
En effet, depuis une dizaine d’années, Hugues Reip développe un travail plus singulier et complexe que son apparente simplicité ne le laisse paraître. Il repère des situations, des petits faits avec acuité pour réaliser photographies et objets. Conçus avec des techniques et des matériaux divers – vidéos, sculptures, installations élémentaires, découpages, collages ou encore avec des inversions d’échelle – ses travaux suscitent nombre d’interrogations sur la réalité du quotidien.

Cette exposition monographique est donc prétexte à la découverte des singulières créations d’Hugues Reip qui synthétisent à merveille une autre voie d’appréhension de la réalité, bien éloignée des strictes lois qui la régissent : comme des mondes parallèles où se croiseraient Jules Verne, Jonathan Swift, les mangas et l’histoire de l’art ou le cinéma désuet futuriste.

Entretien avec Hugues Reip 31 juillet 2009 Vous connaissez bien le Domaine départe- mental de Chamarande pour avoir participé à l’exposition « Accords excentriques » en 2006 et, à cette occasion, réalisé un film d’animation Flxyulckr II. Pour cette exposition monographique, le site vous a t-il inspiré une direction particulière ?

C’est vrai que je connais assez bien les lieux pour y avoir déjà exposé. Mais une exposition personnelle implique de prendre en compte l’espace du château dans sa globalité. Dans un lieu comme Chamarande, qui est l’inverse du « white cube »*, il est important, je pense, de jouer avec l’esprit des lieux. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’intitule mon exposition Le Château pour ce que ce mot véhicule dans l’imaginaire collectif.


Une douzaine d’œuvres sont spécialement produites pour cette exposition, comment s’intègrent-elles avec les autres pièces, avec les espaces d’exposition ?

Hormis les pièces spécifiquement produites pour l’exposition, les autres œuvres montrées sont assez récentes et sont donc faciles à combiner puisqu’elles participent à la même orientation que je donne à mon travail depuis quelques temps déjà. Concernant leur rapport aux espaces d’exposition, je n’ai pas forcément cherché l’intégration, mais tenté de définir des résonnances entre les différentes salles. Quelques pièces seront très autonomes et d’autres seront créées en relation directe avec le lieu.


Vous allez reproduire et interpréter le tableau d’Hubert Robert, emblème et image sublimée du château de Chamarande, que vous évoque cette peinture et comment allez-vous la transposer dans le monde d’aujourd’hui ?

En prenant cette peinture pour point de départ, l’idée est de jouer avec le romantisme que ce tableau évoque, de le faire basculer dans quelque chose de plus noir. Si l’on observe bien les personnages du tableau d’Hubert Robert, il y a comme un détachement de leurs actions par rapport au lieu. Comme s’ils n’existaient pas vraiment. Je pense accentuer cette impression en le réinterprétant.


Nous savons que la littérature fantastique tient une grande place dans votre imaginaire. Le titre que vous avez choisi de donner à votre exposition « Le Château », annonce-t-il un monde où le spectateur entrera comme dans un monde parallèle, à la rencontre de « livres-champignons », de « pistils géants » au cœur d’une « nuit musicale sous-marine » ?

Il est vrai que j’aimerais que le spectateur se trouve baigné dans une atmosphère peu rationnelle, avec des ruptures d’échelles, des mondes que l’on connaît tous intimement sans y avoir mis les pieds, comme une intuition. J’aime bien l’idée développée par les précurseurs de la littérature fantastique : partir du réel et le vriller à tel point pour qu’il ne soit plus envisageable.


* « white cube / cube blanc » désigne l’espace blanc et neutre traditionnellement dévolu à l’exposition des œuvres d’art, depuis l’avènement de l’art moderne.


Éléments biographiques

Hugues Reip est né en 1964, à Cannes. Il vit et travaille à Paris.

« Loin de nous apporter de nouvelles réponses ou de nouvelles définitions (...), Hugues Reip se laisse, au contraire, traverser par des interrogations qui nous sont directement adressées : “ Comment représenter des réalités qui nous échappent ? Peut-on vraiment voir au-delà du visible ? Qu’est-ce que l’image et à quoi sert-elle ou, mieux peut-être, qu’y investissons-nous ? ”. Et d’inventer, dans son coin, de nouvelles façons d’échapper aux savoirs établis pour mieux remettre en question la nature, le sens et la conscience de nos regards sur le réel y compris dans ses avatars les plus singuliers. »

Extrait d’un texte de Charles-Arthur Boyer, catalogue Hugues Reip. Coédition le Quartier, Centre d’art contemporain, Quimper, et le Frac Franche-Comté.


Œuvres exposées Fourth upside-down tree
Photographie couleur – impression numérique sur papier argentique, 84,5 x 58,5 cm, 1995/2004 Courtesy de l’artiste et galerie du jour agnès b.

Deep Night Music (Hommage à Oyvind Fahlstrom),
Illustrations sur aimants / tôle peinte, 140 x 180 cm, 2007 © Masanori Ikeda Courtesy de l’artiste et galerie du jour agnès b.

Sans titre
Dessins, encre et crayon de couleur / papier, 18 x 26 cm, 2009 © Hugues Reip

Fantaisie
Animation noir & blanc, 04’25”, 2008 (coll. Cinémathèque Française, Paris) Courtesy de l’artiste et galerie du jour agnès b.

La Tempête
Animation noir & blanc, 05’35”, 2007 (coll. Frac Corse) Courtesy de l’artiste et galerie du jour agnès b.

Les Cailloux
Impression numérique sur carton, 13 éléments, dimensions variables, 2007 © Laura Morsch Courtesy de l’artiste et galerie du jour agnès b.

Les Pistils
Polystyrène enduit / plateau tournant, dimensions variables, 2007 © Hugues Reip Courtesy de l’artiste et galerie du jour agnès b.

Mushbook
Impressions numériques découpées / édition de Nova Express par William S. Burroughs, 10 x 18 x 12 cm, 2008 © Laura Morsch Courtesy de l’artiste et galerie du jour agnès b.

PRODUCTIONS SPÉCIFIQUES pour le Domaine départemental de Chamarande

HR
Interprétation d’après le tableau d’Hubert Robert

Leaft (hommage à Louis Feuillade)
Animation noir & blanc

Les Miroirs
I / Ambre – II / Quartz – III / Glace

Parallel world
Fleurs sèches et impressions numériques noir & blanc

Suspens
Installation

The Stage
Théâtre en bois, silhouettes en pvc, lumière

Toc
Bec de toucan en résine, 130 cm de haut

Wald (oct9)
Dessin mural

Infra-boom
Résine et tiges métalliques, 2009

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