Hugues Reip

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L'ÉVASION, 2018
L'évasion L'évasion
Carton de l'exposition

Les Pistils, 2007
Polystyrène, enduit acrylique, moteurs. Courtesy de l'artiste.

L'évasion
L'évasion
Windowblow, 2018
Photographie imprimée sur film transparent. Courtesy de l'artiste.

L'évasion
Q.I. Al dente (à François Curlet), 2005
Tubes luminescents. Courtesy de l'artiste. ©Photographie Frédéric Iriarte

L'évasion L'évasion
Black Sheeps (détails), 2014
Poussière, papillons, grilles métalliques, fils de kevlar, tubes en aluminium, moteurs.
Courtesy de l'artiste et Le Carré, Scène nationale et Centre d'art contemporain du pays de Château-Gontier.

L'évasion
L'évasion
L'évasion
Au mur, Night Music (Deep) (à Öyvind Fahlström), 2007
Illustrations sur feuilles d'aimant, tôle peinte. Courtesy de l'artiste.

L'évasion L'évasion
L'Orque, 2018
Résine acrylique, peinture. Courtesy de l'artiste.

L'évasion
L'évasion L'évasion
0,25, 1990-1991
Matériaux divers. Courtesy de l'artiste.

Infraboom Infraboom
L'évasion L'évasion
The Eyeland, 2018
Bois, fleurs artificielles, terre, matériaux divers. Courtesy de l'artiste.

L'évasion
L'évasion L'évasion
Dreaming out of windows 2018 - d’après Joseph Cornell’s Dreaming out of windows, dreams, 18 décembre 1965
Impressions numériques sur papier, acrylique sur bois, objets divers. Courtesy de l'artiste.

L'évasion
L'évasion
Sssans titre, 2018
Métal. Courtesy de l'artiste.

L'évasion
Noirs desseins (séries n°2, 4, 5 et 6), 2012-2016
Encre, crayon de couleur, aquarelle et collage sur papier.
Collections Sonia Perrin ; Véronique de Bellefroid ; Sémiose ; Bernard Prévot (Bruxelles) ; André Magnin ; galerie Magnin-A (Paris) ; collection privée (Bruxelles).

— L'Évasion

« Il serait peut-être plus facile d’échouer en vue de la terre que de gagner ma péninsule bleue pour y périr de joie » Emily Dickinson, It might be lonelier (extrait), 1863

« Éprouver l’évasion, dans sa relation ambivalente avec l’ennui, est ce qu’il est nécessaire d’inventer pour y échapper ou s’y abandonner. » Hugues Reip

Sculpteur, dessinateur, musicien, vidéaste, photographe, Hugues Reip (né en 1964) s’inspire librement des œuvres d’anticipation du début du XXe siècle, des prémices du cinéma d’animation comme de l’histoire de l’illustration scientifique. Il s’est autant nourri d’un certain rock underground des années 1990 que de l’infinie variété de la faune et flore terrestre et sous-marine.

Le spectateur du travail de Hugues Reip voyage dans un paysage où la perception et l’illusion sont deux grandes expériences. Chez lui, chaque rocher, chaque arbre, chaque objet semble dissimuler une divinité fantastique, dans une forme de syncrétisme surréaliste.

Hugues Reip est jardinier du surnaturel. Dans son exposition intitulée l’Évasion, qui combine œuvres-clefs et nouvelles productions, nous assistons au rêve du papillon qui butine des nuages de poussière. En effet Black Sheeps (2014) est un ensemble de cinq mécanismes tournoyants. Sortes de planètes de poussière, elles font leur révolution dans la grande salle du Crédac. Plus loin nous assistons à la création d’un îlot fantaisiste où est planté un arbre sur lequel pendillent fleurs et plantes immortelles. The Eyeland (2018) est une île colorée surplombée d’un œil qui surveille, évoquant Odilon Redon ou nous rappelant le ballon gardien de la série mythique Le Prisonnier (1967) dans laquelle aucune évasion n’est possible. Jouant comme toujours d’artifice, Hugues Reip place dans ses mondes sans gravité, des cailloux tantôt minuscules tantôt surdimensionnés, des créatures abyssales qui croisent des allumettes, et superpose la réalité à l’illusion à travers une image en trompe-l’œil du paysage extérieur dans Windowblow (2018).

À travers la série Noirs desseins (2012-2016), on reconnaît le goût de l’artiste pour l’histoire de l’illustration scientifique de Lucien Rudaux (astronome, 1874-1947), Ernest Haeckel (biologiste, 1834-1919) ou bien encore du trucage cinématographique de Ray Harryhausen (1920-2013) et, à travers Mushbook (2008), sa lecture de l'œuvre hallucinée de la Beat Generation. Nova Express (1964 ; première édition française, Christian Bourgois : 1970) est le titre du livre qui compose la pièce mais est également le nom du premier groupe de rock de Hugues Reip.

Il affiche ses références, à la fois à Joseph Cornell (1903-1972) à travers un diorama où il joue de techniques surréalistes, de juxtaposition d’éléments fantastiques et oniriques et à Öyvind Fahlström (1928-1976) pour l’assemblage et le collage dans une forme de création poétique. Considérée comme sa première œuvre 0,25 (1990-1991) se compose de de petites sculptures comme pourraient l'être des dessins spontanés. Tout son vocabulaire est déjà là, celui sur lequel plane l’esthétique de l’artiste H. C. Westermann (1922-1981) où viennent s’agréger le Surréalisme, l’esprit Dada et le Folk Art. Passés par le prisme du macro-microscopique, il se niche dans ses univers la réalité patiente du travail, les collections compulsives de petits objets trouvés ou bricolés, les mystères de l’atelier.

Claire Le Restif